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Aspergirl : le visage méconnu de l’autisme au féminin

  • Photo du rédacteur: Dominique Michel
    Dominique Michel
  • 28 août
  • 3 min de lecture
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Quand on pense au trouble du spectre de l’autisme (TSA), beaucoup imaginent encore des images toutes faites : des génies incompris, des personnes enfermées dans leur bulle, ou au contraire des personnages de fiction caricaturaux. Pourtant, la réalité est bien plus nuancée. Et surtout, elle prend un visage encore trop invisible : celui des femmes.


Pourquoi les femmes passent-elles sous les radars ?

Le diagnostic d’autisme au féminin reste rare. On estime qu’il y aurait une femme pour cinq hommes concernée par un profil de type « Asperger » ou autisme sans déficience intellectuelle. Mais ces chiffres sont sans doute largement sous-évalués. La raison ? Les femmes développent très tôt une formidable capacité de camouflage. Elles apprennent à observer, imiter et se fondre dans leur environnement. Elles savent jouer le rôle attendu socialement, souvent au prix d’un immense effort intérieur.

Ce « masque » retarde le diagnostic, parfois de plusieurs décennies, laissant place à une vie d’incompréhension, de décalage et parfois d’épuisement.


Ce qui différencie les Aspergirls

  • Les codes sociaux : alors qu’un homme autiste pourra montrer plus ouvertement ses intérêts atypiques, une femme choisira souvent des passions socialement acceptables (littérature, nature, psychologie…). Ce qui brouille les pistes.

  • Les relations : les Aspergirls n’aiment pas le superficiel. Peu enclines aux grands groupes, elles privilégient des amitiés sincères et profondes. Leur besoin de solitude est souvent vital, loin d’être une fuite.

  • Les ressentis : hypersensibles, elles vivent les stimulations sensorielles et émotionnelles de façon intense. Les tissus, les odeurs, les sons, mais aussi les injustices et les émotions d’autrui, peuvent les submerger.

  • La scolarité et le travail : passionnées quand un sujet les captive, elles deviennent autodidactes redoutables. Mais elles peuvent aussi s’épuiser dans un environnement bruyant, injuste ou trop codifié.


Des stéréotypes encore tenaces

Beaucoup de croyances circulent encore : « les autistes n’ont pas d’émotions », « ils sont froids », « ils sont forcément des génies ».La vérité est tout autre : les Aspergirls ressentent souvent trop, parfois au point d’être submergées. Elles ne sont pas dénuées d’altruisme, bien au contraire : leur manière d’aimer et de s’impliquer peut être d’une sincérité brute, sans faux-semblants.


Un chemin vers soi

Pour une femme qui découvre son profil autistique tardivement, ce n’est pas une étiquette de plus. C’est une clé. Le diagnostic, ou simplement la prise de conscience, permet souvent une relecture de toute une vie. Les bizarreries prennent sens, les échecs relationnels ou professionnels s’éclairent, les différences cessent d’être des failles pour devenir des forces.

Comme le dit une jeune femme récemment diagnostiquée :

« Je croyais être trop sensible, trop compliquée, pas faite pour ce monde. Aujourd’hui je comprends : je ne suis pas en décalage par hasard, je suis une Aspergirl. Et ça change tout. »


Changer de regard sur les Aspergirls

Découvrir que l’on est Aspergirl, ce n’est pas seulement poser un mot sur un fonctionnement. C’est parfois toute une vie qui s’éclaire d’un coup. Les moments de solitude choisis, l’impression d’être « trop », ou au contraire « pas assez », les efforts épuisants pour s’adapter aux autres… tout prend enfin sens.

Mais cette révélation peut aussi remuer beaucoup d’émotions : le soulagement de comprendre, bien sûr, mais aussi la tristesse de réaliser combien de temps on a passé à se croire « anormale » ou « défaillante ». Ce mélange est normal. Il fait partie du chemin.

Ce que j’ai envie de dire aux femmes qui se reconnaissent dans ce portrait, c’est ceci : vous n’êtes pas seules. Vous n’êtes pas un problème à corriger. Votre façon d’être au monde est légitime. Elle a même une valeur immense : votre sensibilité, votre regard unique, votre créativité, votre sincérité sont des forces.

Nous vivons dans une société qui aime les cases et les normes, mais nous n’avons pas à rentrer dans un moule pour exister pleinement. Apprendre à se connaître, à se respecter et à se protéger, c’est déjà un pas immense vers soi. Et c’est aussi offrir au monde une version de nous plus juste, plus vraie, plus lumineuse.

Alors si vous vous sentez en décalage, si vous vous êtes souvent demandé pourquoi vous ne rentriez pas dans les attentes habituelles, rappelez-vous ceci : être Aspergirl, ce n’est pas être à côté de la vie. C’est simplement vivre avec une intensité différente. Et cette intensité-là mérite d’être reconnue, accueillie, et partagée.

Aspergirl : une intensité à apprivoiser, pas à cacher.

 
 
 

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